Aristote de Stagire (-345)

Pour certains, Aristote est le « père » des sciences de l’observation.

D’un point de vue technologique, il étudie et expérimente :

  • le rôle des forces motrices et résistantes ;
  • la loi de la chute des corps dans laquelle il fait des erreurs ;
  • le rôle de l’évaporation et de la condensation dans les phénomènes météorologiques…

Au Ve siècle avant notre ère, Empédocle invente les quatre éléments, Aristote récupère le concept. Aristote se distingue de Platon par la philosophie matérialiste qu’il met en place. Il récupère le concept et l’analyse des « quatre éléments[1] » comme condition du raisonnement par analogie :

  • Le FEU est sec et chaud
  • L’AIR est humide et chaud
  • L’EAU est humide et froid
  • La TERRE est sec et froid

La théorie d’Aristote est une base essentielle dans le développement des sciences de la matière, mais trop de commentaires négligent son principe de raisonnement basé sur l’analogie. Lorsqu’il identifie le FEU à des propriétés « sec et chaud », il ne parle pas seulement du feu que l’on connait dans les combustions, mais plus généralement de tous les éléments qui peuvent être définis par ses propriétés. Le sable du désert est, dans ce sens, comme le FEU puisqu’il est « sec et chaud ». Par contre, en bord de plage, le sable est « humide et froid » comme l’EAU. L’AIR défini tous les corps volatils…

Cette représentation analogique du monde lui vient de Platon qui le tire lui-même de l’Orient. L’orient est à la base du raisonnement par analogie et de l’analyse systémique qui en découle naturellement. Dans la vallée de l’Indus, ce raisonnement est appliqué à l’homme pour comprendre sa place dans l’univers en prenant soin de distinguer les « différentes marches » de l’escalier cosmique. La pensée chinoise est également basée sur le raisonnement par analogie mais étant plus rigoureuse et donc plus contrainte à l’identification céleste exagérée (Yin-Yang, représentation binaire et manichéenne) qui, le transmettant à la perse et aux arabes, conduit l’Europe post-renaissance dans les méandres sans issus de la pensée dite cartésienne ou rationnelle.

Je prendrais du temps pour expliquer cela…

Mais les théories d’Aristote sont considérées, avec trop d’insistances en Europe, comme fondamentales, peut-être parce que nous les avons trop rabâchées ! Le raisonnement d’Aristote marque un point d’arrêt avec le fonctionnement interne du système cognitif pratiqué en Orient. La différence est nette avec notre fonctionnement rationnel qui s’applique à décortiquer les détails en omettant de considérer un point de vue global et une vision synthétique qui fait défaut à l’idéal positiviste en reniant l’incertitude.

D’Aristote jusqu’au début du XXième siècle une « manière de penser le monde » s’installe dans notre représentation scientifique et philosophique. Il faut attendre la « vision atomistique » de la matière pour voir se fendre l’armure du raisonnement matérialiste et simpliste qui protège un monde d’illusion par une compréhension phénoménologique exclusivement linéaire. Comme si, le monde qui nous entoure l’est, linéaire et binaire ? Car il s’agit bien de cela, de notre vie qui, majoritairement dans le temps et à chaque époque, se trouve assaillie de préjugés mastiqués, décalés et inappropriés. Des sociétés bienheureuses ont perdurées dans la vallée de l’Indus, mais l’heure a sonné et notre civilisation occidentale ne peut plus vivre à crédit, elle crée moins de richesse, de bien matériel, de savoir, et tout se délite, l’industrie se délocalise et la recherche fondamentale en sciences est décapitée par les restrictions budgétaires de l’état qui projette de retrouver l’équilibre financier. Notre civilisation occidentale, s’est abreuvée avec déraison du jus d’Aristote et de sa phénoménologie matérialiste et détournée de la monade de Platon et des conséquences abstraites qui en résultent. En science, pour l’amour de la science et de la compréhension du monde, de nos jours, les découvertes scientifiques sont brevetées et d’usage exclusif à la consommation dans le but d’enrichir « l’esprit humain » d’un poids monétaire conséquent.

Cette digression est essentielle pour visualiser l’évolution des théories scientifiques et les conséquences sociologiques qui en émergent car, au fil du temps, les civilisations dominent périodiquement la liberté de penser et la représentation conventionnelle du monde. Mais revenons à Aristote…

Malheureusement Aristote ne repris pas l’hypothèse héliocentrique d’Héraclide car il édifia son système cosmologique sur le système géocentrique (repris par Ptolémée puis par les exégètes chrétiens…). Ceci est une erreur qui plonge le monde occidental dans l’ignorance pendant près de 2000 ans !

Voilà quelques thèmes traités par Aristote dans l’un de ses ouvrages :

PHYSIQUE : (Chap. II) Rapports et différences des mathématiques et de la physique. Critique de la théorie des idées, qui se perd dans les abstractions[i]. (chap. V) La causalité des contraires ; le hasard est indéterminé et toujours obscur pour l’homme ; il n’est pas raisonnable. (Chap. IX) Le physicien doit étudier la matière – Démocrite[2], les atomes et le vide – et surtout la fin des choses – les causes de la forme.

Tous ces sujets et leurs interprétations posent les bases de la physique dite « classique ». Les « différences entre mathématiques et physique » s’inscrivent dans l’approche expérimentale (concrète en physique) et abstraites ou sans rapport direct avec la réalité phénoménologique pour les mathématiques. Aristote veut se démarquer de Platon par la « critique des idées » et le renoncement aux abstractions, c’est un sujet philosophique… Par contre « La causalité des contraires » contient deux approches bien connues des physiciens : le principe de causalité (les mêmes causes produisent les mêmes effets, la flèche du temps et son irréversibilité) et l’analyse des symétries qui permet d’englober de nombreux phénomènes dans un raisonnement « dual » comme la charge positive et négative en électricité, la divergence du champ électrique et le rotationnel du champ magnétique… Ce raisonnement est surtout développé (en philosophie) par le manichéisme au début de l’ère chrétienne (et avant eux par les chinois).

Le « hasard est indéterminé », cette idée conditionne la pensée occidentale jusqu’à la découverte des lois de probabilités et surtout leurs utilisations dans la théorie physique et quantique. Nous savons maintenant que le hasard suit des lois déterminées. La théorie du chaos est une loi déterministe. Jusqu’au début du XXe siècle, les positivistes insistent sur le déterminisme, mais le principe d’incertitude (ou d’indétermination) d’Heisenberg dans la physique quantique sonne le glas et achève l’idée superstitieuse qui considère le hasard comme « obscur pour l’homme et pas raisonnable ». Enfin, le physicien « doit étudier la matière et la voir » non plus comme un agrégat de corpuscules mais comme une combinaison linéaire de fonction d’onde… C’est toute une histoire que la représentation du monde au cours du temps !

[1] Initialement défini par Empédocle

[2] Sans se nourrir, il s’est laissé mourir après avoir humé du miel…

[i] Abstraction : processus cognitifs impliquant le raisonnement, propriété d’un concept, activité d’apprentissage par extraction de connaissances générales… L’abstrait s’oppose au concret. La concrétisation est circonscrite par des propriétés appartenant à la  phénoménologie des objets).

L’intelligence artificielle

L’intelligence humaine déjà, n’est pas finalisée  dans sa réalisation pour parler simple et pour ne pas détailler la réalité. L’intelligence artificielle existe depuis peu de temps. Disons 50 ans pour simplifier l’origine de la maîtrise d’un courant électrique lorsque le genre humaine se balade sur Terre depuis plusieurs millions d’années. Car c’est de cela qu’il s’agit, d’un courant électrique qui circule dans un fil conducteur lorsqu’un générateur contrôlé par l’homme apporte l’énergie nécessaire pour faire circuler une information identifiée à une variable enregistrée et inclue dans le programme de contrôle.

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De la force humaine à la force future

La technicité d’une pratique permet de satisfaire les usages de l’humanité. De l’âge de pierre pour tailler un silex à l’ère atomique pour utiliser l’énergie nucléaire, l’humanité transforme les forces mises en jeu pour assouvir ses besoins. La force mécanique du bras de l’homme préhistorique taillant la pierre pour fabriquer un « racloir » lui permet ensuite de nettoyer les peaux de bête pour les porter et se réchauffer. La technique réside dans la gestuelle qui frappe au bon endroit un silex pour le tailler convenablement.

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Tcheou-Koung (IIe siècle av. J.-C.)

Deuxième empereur de la dynastie des Tcheou. C’est au cours de son mandat que furent inventés les chars magnétiques pour s’orienter dans les déserts et pendant les tempêtes de sables. Ces chars comportaient une statuette mobile portant un aimant et un odomètre pour mesurer le chemin parcouru.

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HIU-KIUN (vers 121 ap. J.-C.) – La boussole

Il compile un dictionnaire étymologique (Tchuwen) dans lequel on trouve le mot aimant : « nom d’une pierre avec laquelle on donne la direction d’une aiguille ». La découverte et l’utilisation de l’aimant par les chinois remonte à une haute antiquité. Dans un grand dictionnaire Pei-wen-yun-fou du IXe siècle, il est mentionné que sous la dynastie des Tsin (265-419) les marins avaient trouvé la direction du sud au moyen de l’aimant. De plus, et cela montre les qualités d’observations exceptionnelles des chinois, dans l’ouvrage de Ken-tsung-chi (XIIe s.), on trouve la description de la déclinaison magnétique : « si on frotte la pointe d’une aiguille avec la pierre magnétique, elle indique ensuite le sud, mais pas exactement, et dévie un peu vers l’est. »

Sous la dynastie des Tangs (VIIe-VIIIe siècle), on sait que les chinois entrepris de longs voyages en mer avec l’aide de la boussole. Partant de Canton, ils traversaient le détroit de Malacca pour aller à Ceylan, à la côte Malabar et même jusqu’à l’embouchure de l’Indus et de l’Euphrate. Ces voyages représentent certainement les premiers contacts entre la Chine et les Arabes. De là, émerge l’introduction en Europe des inventions de la Chine ; L’occident doit encore remercier la Chine pour cela… et les Arabes qui ont permis le transit des informations.

L’imprimerie en Chine (vers le VIe siècle)

Le papier était connu en Chine depuis des siècles lorsqu’il fut introduit au Japon en 601 et connu des Arabes vers 700 avant d’être importé en Europe au XIe siècle.

L’imprimerie était (également) connue depuis longtemps. La technique se perfectionne vers le VIe siècle lorsque les empereurs ordonnent de faire imprimer, entre autres, les quatre livres de Confucius et plusieurs classiques à l’usage de l’éduction des jeunes.

« Le Maître dit : Ne crains point de rester méconnu des hommes, mais bien plutôt de les méconnaître toi-même. »                 Confucius, Livre I-16 de l’Étude

La xylographie (planches gravées sur bois) était la technique employée. Vers le Xe siècle, les chinois (les Rois de Chou de l’actuel Sse-Tchouen) utilisaient des lettres de cuivre séparées pour faire la composition du texte. Cette technique fut transmise au Japon en 1205. Puis ces techniques se répandent en Europe qu’au XVIe siècle.

Y HOANG (VIIIe siècle)

En tant qu’astronome, il construit une horloge à deux aiguilles représentant le mouvement du soleil, de la lune et des planètes.

Confucius – Kong Tsée (-551)

Dans la culture chinoise et particulièrement dans le confucianisme, la musique est un « médicament de l’âme » à la base de leur système éducatif ancien. Tout comme Pythagore le pensait, dans la chine antique, la musique est le messager des volontés du Tien (Être suprême), l’écho de la sagesse, la maîtresse et la mère de la vertu, la science qui dévoile cet être ineffable et ramène l’homme vers lui. Dans toutes les civilisations cherchant à cultiver l’universalité, on entend encore résonner la voix des sages : « veux-t-on savoir disent-ils, si un royaume est bien gouverné, si les meurs des habitants sont bonnes ou mauvaises ? Qu’on examine la musique qu’y a cours ? »

Huang-Di (IIIe millénaire av. J.-C.)

C’est l’empereur jaune, de nombreuses inventions lui sont attribuées : les voitures à eau, les bateaux, la poterie, les mesures et la balance, la musique, les cloches… Il fait construire des routes pour faciliter les communications et il crée une monnaie pour développer le commerce. L’observation des astres devient systématique et cet empereur nomme un ministre responsable pour l’accomplissement correct de cette tâche. Quelques années plus tard, CHAO HAO règlemente les costumes et les différentes classes de fonctionnaires. L’action des hommes dans le « service public » en Chine, remonte à une époque bien éloignée du communisme, et cette culture étatique de la Chine est très ancienne contrairement à l’idée occidentale (actuelle) et simpliste qui considère la Chine comme un pays totalitaire et seulement stalinien.

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EDITO

L’histoire des Sciences, des techniques et des civilisations, c’est l’histoire de l’humanité racontée par elle-même dans les limites infranchissables d’une phénoménologie vécue. De là résulte le savoir commun à tous, relatif à chacun et la compréhension unique de l’être humain au sein de l’environnement planétaire.

Les Sciences (point de vue holistique) selon André Ampère, incluent et combinent une partie cosmologique (analyse de la matière) et une partie noologique (analyse de la conscience). J’ai longtemps hésité pour « structurer les temps passés ». L’étude historique d’Ampère, sa classification était trop systématique (rationnelle, manichéenne…). C’est pourquoi de la conscience (gr. noos, noûs) au kosmos (manifesté), les plans s’interpénètrent et l’histoire humaine, celle des Sciences et des civilisations n’est qu’une petite histoire de l’Univers, celle de la Terre et des responsabilités du règne humain. L’humain interprète la réalité (phénomène) en conscience (noumène), avec ce qu’il est, c’est à dire avec ses limites pour aborder le tout. J’ai choisis d’interpénétrer les domaines explicités tout en indexant une recherche combinée (chronologique et thématique) :

Je suis libre dans l’expression, la tonalité et le choix des thèmes abordés. Totalement indépendant, j’écris les articles au fil du temps… C’est une distraction, un travail méthodique et le besoin de débroussailler la friche idéologique des concepts. Quel en est le motif ? Une simple curiosité personnelle, une obsession infantile du désir de connaître le monde dans lequel je vis. L’enfant souhaite connaître, l’homme mûr s’efforce de comprendre et le vieillard est ce qu’il est.

22 janvier 2021 à Marminiac (France)

Bibliographie

Je mets un point d’honneur depuis +35 ans d’écriture à n’utiliser comme référence que ma bibliothèque. Alors bien sûr c’était très limité au début, une cinquantaine de livres que j’avais acquis (en travaillant) sur les périodes estivales à l’âge du lycée. Maintenant c’est encore modeste, la bibliothèque de mon bureau contient +1000 livres et une quantité égale est empilée au grenier. Depuis la fin des années 90, j’ai acquis patiemment, avec curiosité et intérêt ces livres pour les étudier et en extraire la substance. En général, je résume un livre que j’étudie pour le travailler en profondeur, je peux retrouver facilement des références dans ma bibliothèque, je n’ai pas besoin d’IA (intelligence artificielle) mais seulement de ma mémoire pour me souvenir du livre et relire la référence qui me venait en tête. J’ai beaucoup écris sur les livres que j’ai lu, des milliers de pages sont entassées dans mon grenier. J’utilise et distille ces écrits pour les convertir/relire/enrichir et les publier (HTML) sur mon serveur d’histoire des sciences (indépendance).

Il y a beaucoup d’encyclopédies (histoire, civilisations, science, philo, arts, techniques…) et de théories en maths, physique (astrophysique), chimie aussi en sciences cosmologiques et des traités de philosophies, des textes théologiques (religions) et théosophiques (symbolisme) mais aussi mythologiques (sciences noologiques) dans ma petite bibliothèque personnelle. Le plus important dans la connaissance n’est pas d’empiler des données mais plutôt d’en établir des liens pour insuffler l’émergence d’une intuition différente en s’efforçant humblement de comprendre la réalité (phénoménologie). Celle qui m’intéresse concerne la Science et les liens perceptibles et modélisables entre la science cosmologique et la science noologique.