Initialement, dans le monde antique, à partir de Xénophane[1] (565-470 av. J.-C.) le mythe est critiqué et rejeté. Sur les interprétations « rationnelles » des divinités utilisées par Homère et Hésiode, les grecs ont vidé le mythos de toute valeur religieuse et métaphysique. Mythos est donc opposé à logos puis à historia pour identifier le mythe à tout ce qui ne peut pas exister réellement.
La culture judéo-chrétienne rejetait également la pensée mythologique lorsqu’elle n’était pas justifiée par un des deux Testaments.
Jusqu’au milieu du XIXe siècle les savants occidentaux considèrent le mythe comme une « fable, une invention, une fiction ». Un changement radical s’est imposé ensuite chez les ethnologues, les sociologues, les psychologues et autres anthropologues pour accorder aux mythes une valeur sémantique nouvelle : Le mythe est une « histoire vraie » telle qu’elle était comprise dans les sociétés archaïques. Levi-Strauss (1908-2009) et son « structuralisme » implique pleinement l’étude des mythes dans une analyse systématique pour situer les relations sociales et les schémas de la pensée d’une communauté, d’un peuple, d’une civilisation. C.G. Jung utilise la même approche pour définir les « archétypes de l’inconscient collectif » et communs aux civilisations pourtant distinctes. M. Eliade détaille également l’étude du symbolisme des mythes pour structurer l’histoire de la pensée religieuse et des croyances au sein de l’humanité.
Mythos : (gr.) fables, récit fabuleux. Emprunté au terme muthos plus ancien qui désigne « une suite de paroles qui ont un sens » puis « le contenu des paroles, l’avis, la pensée », pour se distinguer du mot epos qui désigne « un discours, des propos » (épique, épopée).
Epistême : (gr.) science, connaissance (théorique) pour former, tardivement en France (1901), l’épistémologie à partir d’une traduction de Russell (Essai sur les fondements de la géométrie). Plus généralement l’épistémologie désigne les configurations du savoir qui rendent possibles, à une époque donnée, les différentes formes de sciences.
Logia (gr.) pour la « théorie », logos (gr.) qui « concerne la parole, le discours, le propos » et logikos qui « concerne la raison » forment logica (latin) pour définir la « science des lois du raisonnement ». En ionien-attique[2], logos représente « un récit, un compte, une explication, une considération, un raisonnement » et plus généralement la « raison immanente ». C’est pourquoi la théologie catholique qualifie la seconde personne de la Trinité de « logos » (la parole, le fils) qui engendre également (et paradoxalement) dans la langue française (v. 1245) le mot logique qui s’applique « à l’analyse philosophique des lois et formes de la pensée ». Logia et logos structurent dans notre langue française par les suffixes –logie (noms de science et d’étude méthodique, de façons de parler, de discours, de types d’ouvrages) et –logue (noms de savants, de formes ou parties de discours).
L’étude historique des définitions de la logique permet de comprendre l’évolution des concepts et des règles de maniements de la pensée qui structurent le savoir/connaissance de l’humanité. Exemple : La logique des propositions (Euclide), des prédicats (syllogisme), logique classique, logique mathématique, logique formelle, logique binaire (Boole), logique floue…
[1] La logique
[2] Ionie « ouest de la Turquie » et attique « dialecte d’Athènes ». La mythologie d’Homère (Iliade) emprunte certains éléments à l’épopée de Gilgamesh (sumériens) comme le pentateuque (genèse, arche de Noé…) des récits judéo-chrétiens.